lundi 12 janvier 2015

Paris, humeur du moment

Comme le monde entier le sait désormais, mercredi dernier a été une terrible journée pour la France, quand trois hommes armés jusqu'aux dents sont entrés dans les locaux du journal satirique Charlie Hebdo, laissant pour mort la quasi totalité
de sa rédaction, dont les dessinateurs Charb, Wolinski, Cabu, Tignous et Honoré, réputés pour leurs caricatures espiègles
et leurs valeurs libertaires.

Alors que je lisais l'intolérable nouvelle de l'attaque, je me suis sentie anéantie, horrifiée, choquée,
comme si les mots m'avaient frappée au visage et agrippé leurs mains autour du cou pour m'étouffer.

Puis je me suis sentie en colère.

Que l'humour de Charlie Hebdo ne soit pas du goût de tous, ça je peux le concevoir.
Qu'on ait tué des innocents pour des dessins qui ne sont pas du goût de tous, ça,
je ne pourrai jamais être en mesure de le comprendre.


Comment est-on supposé se remettre d'un tel effroi et reprendre le cours de sa vie ?
Je suis sincèrement épatée par la résistance humaine.
Car oui, la vie continue pour ceux qui restent, interrompue par moment par cette terrible question : Est-ce vraiment arrivé ? Vous êtes vraiment sûrs que ce n'était pas un cauchemar dont on va bientôt tous se réveiller ?


Ces dernières années, j'ai été de (trop) nombreuses fois bouleversée par des nouvelles du monde qui m'ont parfois rendue littéralement malade, qu'elles soient venues de Syrie, de Palestine, du Nigéria, d'Inde ou des Etats-Unis.
Cette semaine, elles venaient de la ville où je vis, ce qui rend le tout encore plus insidieux et difficile à accepter.
J'aimerais tellement pouvoir un jour regarder les infos sans me sentir si impuissante.


J'ai remarqué que dans les moments de grand désarroi, j'avais tendance à me tourner vers trois choses récurrentes : la recherche de réconfort auprès de gens que j'aime, l'écriture et la photo.
ça ne fait pas disparaître l'horreur, ça n'a nullement le pouvoir de rétablir l'ordre des choses.
Mais ça a au moins le mérite de parvenir à m'apaiser, ne serait-ce qu'un moment.


La vue de cette foule massive, compacte, comme soudée, hier dans Paris -et dans d'autres villes solidaires du monde- rassemblée pour honorer la mémoire des victimes m'a émue et m'a remplie d'espoir.
De l'espoir de voir éclore plus de respect et de tolérance entre les humains.
Je suis sans doute naïve à tendance Bisounours mais j'ai franchement envie d'y croire.


Aussi loin que je me souvienne, je n'ai jamais vu mon pays aussi uni pour une même cause,  chaque individu -ou du moins la plupart- disposé à laisser de côté ses croyances politiques ou religieuses pour se réunir et rendre un hommage colossal
aux
trop nombreuses vies qui ont été fauchées cette semaine à Paris et pour honorer une valeur qui est au coeur de la constitution française : la liberté d'expression.
 
Alors oui, marchons, manifestons. Disons à ceux qu'on aime qu'on les aime. Rallumons la lumière dans cette nuit noire. Rions ! Faisons de 2015 une année mémorable.


#JeSuisCharlie

ci-dessous une photo prise jeudi matin place de la République juste avant d'aller développer la pellicule que dans mon amateurisme d'apprentie-développeuse j'ai quelque peu bousillée... :-/ .
Mais au final je crois que j'aime bien cette statue de la République escamotée de l'image, ça a du sens, en quelque sorte..)



























As the world now knows, last Wednesday was indeed a terrible day for France, when three armed men entered the premisces of Charlie Hebdo satirical magazine and executed almost everyone there, including well-known cartoonists Charb, Wolinski, Cabu, Tignous and Honoré, famous for their humorous drawings and libertarian opinions.

As I was reading the
intolerable news of the shooting online, I was first devastated, horrified, in shock,
as if it had
hit me in the face, twisted its hands around my neck and left me gasping for air.
And then I felt angry, so angry.

That their sense of humor was not to the taste of everyone, I can understand.
That they lost their lives because of their drawings, I will never be able to understand.

How exactly are we equipped to process this kind of terrifying news an then still have to go on with our life ?
Seriously, how amazing is human resilience ?
Because we do go on with our life, from time to time slightly interrupted by a reality check - Wait, did that really happen ? Please tell me I'm just about to wake up from this terrible nightmare.

Over the past few years, too many times have I been hit by news that left my soul crushed into pieces or that made me go literally sick, may it be from Syria, Palestine, Nigeria, India or USA.
This week the horrifying news came from the town where I live, which makes it all even harder to digest.
From now on I wish I could turn on the news and not feel that helpless.

I noticed a personal pattern in times of major distress.
I seem to be seeking comfort with people that I love.
Also, I turn to writing and taking pictures.
It doesn't make the dreadful fact disappear and it for sure doesn't have the power to make everything okay.
But it at least gives me peace of mind, even if just for a little while.

Seeing the massive crowds gathering in the city yesterday to shout their support to the victims and their families
filled me with hope.
Hope for more respect and tolerance from people to their own kind.
I may be naive or even delusional, but I choose to believe it.


As far as I can remember, I have never seen my country that united for a cause.
Each -well, most- individuals willing to look past their own political or religious beliefs to pay tribute to the too many lives
that have been taken this week in Paris and honor a core motto of French constitution : freedom of speech.

 
So go walk, go protest. Go tell somebody you care about them.  Go shine a light. Go laugh.
Go make that new year worth remembering.


#JeSuisCharlie

(Above is a picture I took on Thursday morning, just before I developed it myself in the photo laboratory and partly screwed it up :-/ . But in the end I quite like this République statue that was "stolen" from the image, it kinda makes sense to me, in a way.)

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